Burn-out, bore-out, brown-out
Avoir conscience de leur existence
Si le terme « burn-out » s’est fortement répandu dans le langage courant ces dernières années, il est bien possible que les mots « bore-out » et « brown-out » vous soient, quant à eux, légèrement moins familiers voire carrément inconnus. Et si on faisait un rapide tour d’horizon pour les définir et vous aider à faire la distinction entre les trois ?
Les maladies psychosociales : c’est quoi ?
Tout d’abord, il est important de savoir que ces trois termes renvoient à la famille des maladies psychosociales liées au travail. Les maladies psycho quoi vous dites ? Ces maladies découlent des risques professionnels qui peuvent, d’une manière ou d’une autre, porter atteinte à la santé physique ou mentale des collaborateurs. On y retrouve aussi le stress, l’anxiété, le harcèlement ou encore la violence au travail; bref, toutes ces maladies qui engendrent des souffrances considérables, mais ne sont pas forcément visibles à l’oeil nu.
Elles sont liées à un environnement de travail dysfonctionnel pour la personne touchée. Bien qu’elles puissent avoir un lien avec un contexte privé, pour beaucoup, la source sera à identifier du côté d’une souffrance au travail.
Le burn-out : on le connait bien lui !
Le burn-out est connu comme un état d’épuisement physique et émotionnel lié à une surcharge de travail. Pour la petite histoire, c’est le docteur Herbert Freudenberg qui sera le premier à utiliser ce mot dans les années 1970 pour qualifier son propre état d’épuisement.
Le burn-out, comme les autres maladies psychosociales, n’est pas visible à l’oeil nu. Cependant, ses signes précurseurs surviennent peu à peu afin d’avertir l’individu que quelque chose ne fonctionne pas. Il est la manifestation d’une accumulation d’un nombre trop important de tâches ou d’informations. Cette surcharge va entraîner des dysfonctionnements tant physiques qu’émotionnels : fatigue intense, impossibilité de récupérer, sentiment d’incompétence, dévalorisation de soi, troubles alimentaires, digestifs, musculosquelettiques, sommeil perturbé, etc.
Le bore-out : un petit nouveau sur le devant de la scène
Celui-là, il est plus récent ! Il est décrit pour la première fois en 2017 (on vous avait dit qu’il était encore jeune) et caractérise l’ennui au travail. Alors attention, l’ennui ne se traduit pas que d’une seule manière. Par ennui au travail, on entend :
- Le manque de tâches ou d’activités pour remplir une journée de travail. On tombe alors dans un présentéisme dans lequel le collaborateur se sent bloqué et qui induit une attente interminable que les journées passent.
- La sous-exploitation des compétences. Petit exemple : vous avez fait des études d’architecte. Vous débarquez dans un cabinet d’architecte et vous vous attendez à gérer des plans, faire des études de terrains et valider des projets pour des clients. Mais finalement, la majorité de vos tâches se résume à encoder des factures, rédiger des rapports de subsides et envoyer des rappels de paiement à vos clients. Les compétences que vous avez développées ne sont pas mises à profit et vous avez peu à peu l’impression de faire un travail inadapté.
- Le manque d’apprentissage. Vous pouvez tout aussi bien avoir un quotidien rempli de tâches et, qui plus est, sont totalement dans votre domaine d’expertise, mais quand même souffrir d’ennui au travail. Comment ? Quand votre environnement de travail n’est plus suffisamment stimulant pour vous. Vous n’apprenez plus rien, vous avez l’impression d’être en pilote automatique sur les tâches que vous maîtrisez, il n’y a pas de perspective d’évolution, les projets ne vous mettent pas suffisamment au défi, etc.
En réalité, il existe une multitude de raisons de souffrir d’un ennui au travail. La définition de l’ennui au travail est donc propre à chacun, à son expérience, à son ressenti et à ses attentes. Tout comme le burn-out, il a des conséquences néfastes tant sur le plan psychique que physique.
Le soucis du bore-out, c’est qu’il est difficilement compris dans une société où la surcharge est valorisée. Souvent, il est jugé comme synonyme de paresse ou de fainéantise. Or, c’est tout l’inverse. Les personnes touchées par le bore-out souffrent justement car elles sont dynamiques et ambitieuses, mais n’ont pas l’occasion de laisser s’exprimer leur plein potentiel.
Le brown-out : cette quête de sens !
Le petit dernier, et aussi le plus méconnu, c’est notre cher brown-out. Lui, il désigne la perte de sens au travail. L’individu ressent une incompréhension croissante face aux finalités et objectifs du travail à effectuer et à souvent tendance à se demander ce qu’il fait là. Dans une société où le travail est central; l’absence de sens au travail a d’autant plus de conséquences néfastes et dangereuses tant sur le plan physique que mental.
La perte de sens peut se trouver dans :
- L’inutilité ou l’absurdité des tâches qu’on effectue au quotidien.
- L’incompréhension de son job dans sa globalité : cette incompréhension renvoie aux questionnements de plus en plus prégnants de notre époque sur l’environnement, la préservation des ressources humaines, la consommation, la sur-productivité, etc. « Mon job a-t-il encore du sens ? ». « Si je m’arrêtais de travailler, le monde continuerait-il de tourner sans mon job ? ». Ces questions font écho à la définition même de ce que David Graeber nommera les « bullshit jobs« .
- Un manque de cohérence entre les valeurs de l’entreprise et les valeurs personnelles.
- L’incompatibilité entre les valeurs et les actions de l’entreprise.
La prévention
Maintenant que vous avez connaissance de l’existence de ces trois maladies psychosociales, vous pourrez peut-être mettre des mots sur des situations qui vous sont familières. Ces maladies liées à un contexte de travail dysfonctionnel pour la personne qui les subit ne sont pas à négliger car elles entraînent de graves troubles physiques et psychiques.
Tant au niveau managérial qu’au niveau individuel, avoir conscience de ces maladies peut vous permettre de mieux développer les outils de prévention adaptés.
Si la brève définition de l’une de ces trois maladies vous parle, nous vous invitons à rester dans la vigilance et a éventuellement consulter votre médecin traitant.
#wellbeingatwork #maladie #prevention
Pour aller plus loin :
Burn-out. Ce n’est pas votre faute… mais c’est peut-être votre chance. Emmanuelle Wyart. Editions First, Paris 2021.
Le bore out. Quand l’ennui au travail rend malade. Docteur François Baumann. Éditions Josette Lyon, 2016.
Le brown-out. Quand le travail n’a plus aucun sens. Dr François Baumann. éditions Josette Lyon, 2017.
Burn-out : le détecter et le prévenir. Préservez-vous dans un contexte professionnel exigeant. Catherine Vasey. Éditions Jouvence poche, 2007.
Le mal être au travail. Sous la direction de Nicolas Combalbert et Catherine Riquelme-Sénégou. Éditions Presses de la Renaissance, Paris, 2006.